Il a été écrit de nombreux ouvrages sur la vie de Jules Verne qui sont fort bien documentés. L’association des amis de La Droitière voudrait ici souligner ce qui rapproche l’écrivain du parc et du château de sa sœur Mathilde et de son beau-frère Victor Fleury. Mais avant tout de cette société nantaise des négociants qui forgèrent l’esprit de la ville et en partie celui du plus célèbre de ses écrivains.
Jules Verne est né le 8 Février 1828 à Nantes, au domicile de sa grand-mère maternelle, sur l’île Feydeau, à l’angle de la rue Kervégan, au 4 de la rue Olivier de Clisson. Il est le fils aîné de Pierre Verne, avoué, originaire de Provins, et de Sophie Allote de La Fuÿe, issue d’une famille de navigateurs et d’armateurs nantais d’ascendance écossaise.
À partir de 1840, la famille s’installera 6 rue Jean-Jacques Rousseau, proche du port. Ils achèteront une maison de vacances à Chantenay. (Sans rapport avec l’actuel musée)
En 1829 naîtra Paul qui sera marin et aussi écrivain. Suivront Anne en 1836, Mathilde en 1839 qui épousera Victor Fleury, puis Marie en 1842.
Après un parcours scolaire très honorable et l’obtention de son baccalauréat avec mention « assez bien », il entame ses études de droit dans l’idée de succéder à son père.
Il est en quelque sorte « victime » de sa position d’aîné. Il monte à Paris passer ses diplômes, et bien qu’allant jusqu’au bout de son cursus, il consacra beaucoup plus de temps à sa passion : l’écriture, surtout de pièces de théâtre et d'opérettes mais aussi de chansons. Ami d'Alexandre Dumas, il deviendra secrétaire du théâtre lyrique. Il y fera interpréter ses oeuvres "Les pailles rompues" (jouée également au théâtre Graslin de Nantes) et "Le colin maillard" toutes deux mises en musique par Aristide Hignard son ami nantais.
Tout cet environnement, familial et géographique n’est sans doute pas étranger à sa passion pour les voyages, la navigation et l’aventure !!!
Il n’a toujours pas de situation professionnelle stable, et c’est pour cela que plusieurs de ses « amours de jeunesse » seront mariées à de meilleurs partis. C’est sans doute en relation avec ces épisodes de sa vie qu’il évoquera dans nombre de ses romans des mariages « arrangés » voire forcés.
En 1856, il se rend à Amiens pour le mariage d’un ami, dont il est le témoin, et s’éprend de la sœur de la mariée. Honorine du Fraysne de Viane (1830-1910), elle est la jeune veuve d’Auguste Morel et mère de deux filles. Il lui faut à tout prix une situation stable et rémunératrice pour concrétiser son désir d’union avec Honorine.
Pour cela il devient agent de change à Paris. Il n’y fera pas des merveilles. Le journaliste Félix Duquesnel écrira: "Il réussissait plus de bons mots que d'affaires". Mais ce passage dans le monde de la finance pourrait bien être le déclencheur de sa réussite littéraire et de l’aisance financière qui s'en suivra. Jules Verne abandonnera la bourse après la publication de son troisième roman. Il va y rencontrer Jules Fleury, banquier et agent de change, sans nul doute plus performant que l'écrivain ! originaire de Saint-Amand-les-Eaux dans le Nord, les Fleury vivent à Saint-Maurice en périphérie parisienne où ils possèdent une filature. Cette relation professionnelle, va devenir amicale puis familliale. En effet, ils vont présenter le frère de Jules, Fleury, Victor à la soeur de l'écrivain, Mathilde.
Si Jules Verne épouse Honorine le 10 Janvier 1857, Victor Fleury se marie avec Mathilde Verne en 1860.
Suite à cette union, des passions communes vont faire naître une profonde amitié entre Victor Fleury et Jules Verne.
Les deux frères sont francs-maçons. Ils se positionneront aussi comme armateurs une fois installés à Nantes. Jules Verne va ainsi entrer en relation avec des amis francs-maçons de son beau-frère. Il deviendra, dès 1860, très proche du photographe Nadar, de Jean Macé, ils collaboreront à la rédaction de la revue bi-mensuelle "le Magasin d'éducation et de récréation" publié par Pierre-Jules Hetzel également Franc-Maçon. Dès 1858, l'écrivain et l'éditeur se croisent dans des diners. Alfred Guézenec, écrivain déjà publié par Hetzel depuis 1857 sous le nom d'Alfred de Bréhat, mais aussi grand voyageur, va, en 1861, se charger de présenter officiellement les deux hommes. Jules Verne signera un contrat avec Hetzel qui deviendra l’éditeur de tous ses romans et qui sera financé par les frères Fleury. Ils se retrouveront fréquemment au château de La Droitière, bâti au XVII° siècle, par des négociants nantais, et acquis par Victor Fleury le 12 septembre 1867. Par contre, on ne trouve pas trace d’une appartenance de l’écrivain à la franc-maçonnerie.
Le 31 janvier 1863, le premier roman « Cinq semaines en ballon » est publié, c'est un immense succès. En 1864, Jules Verne signe un contrat pour la parution de deux volumes par an. En 1865, le contrat passe à trois volumes par an, L'auteur signera des courriers à son éditeur "votre bête de somme". Jules Verne écrit cette série des voyages extraordinaires, œuvres de pure fiction chargées d’imaginaire. Il est plutôt prospectiviste que visionnaire. On trouve dans ses romans des choses qui seront mises au point cinquante ou cent ans après son écriture. Ses sources sont des ouvrages savants et récents relevant de la géographie, de l’ethnographie, des sciences appliquées, mais également de ses voyages, de ses observations de la nature. Dans « Le superbe Orénoque » paru en 1898, il puise dans « Nouvelle géographie universelle » d’Élisée Reclus, tout en évoquant les falaises de Mauves où il aimait se promener lors des séjours chez sa sœur, au château de La Droitière.
Jules Fleury va publier dans des revues économiques, il est très nettement plus « homme d’affaires » que Victor. De nombreux points d’intérêts communs vont rapprocher les deux beaux-frères. Dotés d’esprit curieux, ouverts aux nouveautés scientifiques de leur époque, ils portent tous deux de l’intérêt à l’horticulture, Victor écrira de nombreux articles dans ce domaine, formé aux "Eaux et Forêts", il sera membre de la Société d’Acclimatation et de la Société d'Hoticulture de Nantes. Ils pourront exprimer cette passion commune lors des travaux d’agrandissement et d’embellissement du parc de La Droitière. Au XIXème siècle apparaissent des revues de jardinage et de conception de décors de parcs et jardins. On y trouve le travail des grands paysagistes tel Édouard André, le comte Paul de Choulot, Noiseyye, etc. Les deux beaux-frères s'en inspireront pour créer ce parc pittoresque et pictural puisant son inspiration dans la philosophie Chinoise.
On retrouve dans presque tous les romans de Jules Verne des références à la botanique et la description de nombreux arbres.
Sa sœur, par contre, lui reproche de ne pas assez évoquer la religion et de maintenir la femme dans une position subalterne cantonnée aux attributions domestiques. Bien sûr, il faut replacer tout cela dans le contexte de l’époque.
Jules Verne est un grand admirateur de Victor Hugo, ce qui n’était pas totalement réciproque. Il se passionne pour l’œuvre d’Edgar Poe en 1864. Le 27 février 1863, il est reçu à la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. En 1865, il devient membre de la Société de géographie. Le 16 mars 1867, il embarque avec son frère pour les Etats-Unis sur le Great Eastern, il s’en inspirera pour son roman « Une ville flottante ». En juillet 1871, Amiens devient sa ville de résidence. Il y fréquente la bibliothèque, fort bien documentée, de la Société industrielle. Le 8 mars 1872, il devient membre de l’académie des sciences, des lettres et des arts d’Amiens. Il voyage beaucoup notamment avec ses trois bateaux, tous nommés Saint-Michel. Son fils unique né la 4 Août 1861 s’appellera Michel…
Le 13 décembre 1877, il assiste à l’arrivée du capitaine Boyton qui descend la Loire dans une combinaison de survie, d’Orléans à Nantes, en faisant escale à Mauves, reçu par le maire Victor fleury. Il s’en inspirera dans trois chapitres de son roman « Les tribulations d’un Chinois en Chine ».
Les ponts de Mauves, inaugurés par Victor Fleury le 18 août 1882, seront construits par la Société Cail et Cie, or Jules verne cite cette même société dans ses romans, "Le Chancellor", "Sans dessus dessous" mais surtout dans "Vingt mille lieues sous les mers" où le capitaine Nemo explique que les réservoirs du Nautilus ont été fabriqués par Cail et Cie.
Tous ses séjours en région nantaise vont prendre fin entre 1886 et 1887. En effet, ces années sont un tournant dans la vie du plus célèbre des écrivains nantais. Tout d’abord, son beau-frère Victor décède, puis sa mère. Il doit vendre son yacht le Saint-Michel III pour faire face aux frasques de son fils Michel. Son éditeur Hetzel décède également et surtout son neveu lui tire une balle dans le pied qui va lui laisser une claudication permanente. Il semblerait que l’intention de Gaston était d’attirer l’attention sur son oncle qui souhaitait entrer à l’Académie française.
Désormais, il se sédentarise à Amiens, ville de sa femme, où il continue d’écrire et de s’investir pour la ville. Le 24 Juillet 1892, il est promu au grade d’officier de la légion d’honneur. Il y décédera le 24 mars 1905, cinq-mille personnes assisteront à ses obsèques.
Il est aujourd’hui le premier écrivain français le plus traduit dans le monde et le deuxième derrière Agatha Christie.
Avec trois cents adaptations cinématographiques, il est le quatrième auteur le plus porté à l’écran.
67 000 établissements scolaires portent son nom, dont l’école primaire publique de Mauves-sur-Loire.
Le parc et le château de La Droitière sont le seul lieu de la région nantaise que vous pouvez visiter dans lequel l'écrivain séjourna.